NOUVELLES galaxie by LAUMER KEITH

Auteur:LAUMER KEITH [LAUMER KEITH]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Science Fiction
Éditeur: JLE
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

Je m’approchai du petit homme et tendis l’index.

— « Il pourrait t’acheter et te sacrifier sur l’autel dès samedi soir, minus ! Ça lui ferait sacré-ment plaisir. Il est comme ça. »

— « On ne peut pas faire une plaisanterie sans entendre parler de sacrifice à l’autel. Si tu veux un camion, prends-en un. »

L’homme sur la chaise ouvrit un œil et me regarda.

— « Depuis combien de temps êtes-vous au service de Jersey ? » grommela-t-il.

— « Depuis assez longtemps pour savoir qui commande, de Jersey ou Filly. » Je bâillai, regardai le grand garage de ciment et les quatre lourds véhicules marqués du blason de Filly.

— « Où est la cuisine ? Je voudrais m’envoyer une ou deux tasses de café derrière la cravate avant de repartir avec ce machin. »

— « Par là. L’escalier est à gauche. Dis au cuisinier que Pintsy t’a invité. »

— « Je lui dirai que Jersey m’a envoyé, minus. » Je m’éloignai dans un silence glacial, ouvris la porte et grimpai l’escalier où une odeur épicée flottait dans l’air tiède.

Un tapis épais – même ici – amortissait mes pas. Je pouvais entendre des bruits de casseroles et de couverts qui venaient de la cuisine à une trentaine de mètres de là. Je pris un couloir, entrouvris une porte, vis une pièce obscure et refermai. Je m’appuyai contre le battant et surveillai l’entrée de la cuisine. Au-dessus de moi, je pouvais entendre les éclats de cuivre de l’orchestre qui se déchaînait à trois étages de là.

Des odeurs de festin – volailles rôties, jambon cuit et viande de cheval grillée venaient taquiner mes narines depuis la porte de la cuisine. Je resserrai ma ceinture d’un cran et tentai d’humecter ma gorge sèche. Le vieil homme m’avait bourré de ragoût avant notre départ mais j’avais toujours l’appétit aiguisé.

Cinq longues minutes s’écoulèrent. Puis la porte de la cuisine s’ouvrit et un grand type aux épaules rondes, au crâne chauve et luisant apparut, portant un plateau. Il se retourna, ce qui fit danser les queues de son habit noir, appela quelqu’un qui le tractait derrière lui et passa devant moi. Je m’avançai et toussotais. Il tressaillit et se tourna vers moi. Il excellait dans son travail les deux douzaines de verres minuscules restèrent immobiles sur le plateau. Il cilla, prêt à quelque remarque indignée…

Je lui montrai le couteau que le vieil homme m’avait prêté. Un engin à poignée en os dont la lame mesurait plus de dix centimètres.

— « Un mot et je te tranche la gorge, » dis-je doucement. « Pose le plateau par terre. »

Il commença à reculer. Je brandis le couteau. Il écarquilla les yeux, passa la langue sur ses lèvres puis se baissa rapidement et posa le plateau.

— « Tourne-toi. »

Je fis un pas en avant et le frappai à la base du cou avec le tranchant de la main. Il se replia comme un parapluie cassé.

J’ouvris la porte tant bien que mal et le poussai à l’intérieur, puis je m’interrompis pour prêter l’oreille.

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